Donner la vie est un acte de générosité incontestable qui requiert la supervision d’un ou de plusieurs professionnels. Les accouchements assistés par des sage-femmes sont encore très courants dans certaines régions d’Haïti. Malgré la technologie médicale avancée dans ce domaine, accoucher chez-soi reste le choix de certaines femmes. Mais quelles conditions doivent être réunies pour un accouchement à domicile réussi?
Si la plupart des animaux sont capables de mettre au monde leurs petits seuls, les humains ont généralement besoin d’assistance pour mener à bien une telle aventure. Depuis la nuit des temps, donner la vie, chez les humains, comportent des risques élevés pour la femme et le nourrisson. Ainsi, avant la technologie médicale, des femmes et des hommes ont toujours utilisés des techniques précises qui se sont peaufinées au fil du temps et des expériences.
En Haïti, encore appelées matrones, sage-femmes ou “fanm chay” en créole haïtien, ces femmes s’occupent d’aider les femmes à mettre à terme leurs grossesses. Même si, aujourd’hui, ce ne sont pas seulement les femmes qui exercent ce métier, les termes sont souvent féminins.
Selon certaines femmes, le choix d’accoucher à domicile est parfois pour plus de confort et moins de stress. Mais, accoucher à domicile n’est pas toujours un choix.
En Haïti, même si les soins gynécologiques médicaux sont de plus en plus accessibles à la majorité de la population, dans certaines régions, cette accessibilité reste des moindres. Selon Justine Jean Baptiste, une matrone avec près de 35 ans d’expérience, l’accouchement par voie naturelle ce n’est pas le plus difficile mais il faut connaitre les techniques. Âgée de 65 ans, cette matrone confie qu’elle s’est accouchée seule à 11 reprises, sans compter les femmes qu’elle a accouchée sans en perdre une.
Justine Jean Baptiste exerce dans le département du Sud-Est, principalement dans la commune Belle-Anse. Dans la 7e section communale, appelée Mapou, la plupart des femmes font appelle à Justine pour les assister dans leurs couches. “Je ne peux compter le nombre de femmes que j’ai aidées à accoucher en 35 ans. Je ne suis pas obligée de les suivre au cours de leurs grossesses, je rencontre beaucoup d’entre elles le jour même”. À en croire la sage-femme, pour accoucher chez-soi, il faut non-seulement une santé robuste mais aussi préparer la maison. En d’autres termes, il est important de s’assurer que l’espace est bien propre et stérilisé.
Quoique les accouchements à domicile sont monnaies courantes dans la région de Mapou, Justine avance que certaines femmes choisissent quand même d’accoucher à l’hôpital. “Pour ma part, quand j’assiste une femme et que la délivrance met plus de trois jours à arriver, je suis obligée de la transférer à l’hôpital”. En effet, il arrive que certains cas chirurgicales, par exemple, dépassent les matrones.
“Je ne suis pas allée à l’école pour apprendre les techniques de l’accouchement naturel. Ma mère était sage-femme et m’a transmise ses connaissances et ses techniques avant mourir”.
Le travail des matrones ne consiste pas uniquement à aider à la délivrance. Justine raconte qu’elle reste trois jours au côté de la nouvelle maman et du nourrisson. Elle lui prépare le bain, elle aide à la cicatrisation de l’ombilic du nouveau-né et accompagne la jeune mère dans ses premiers pas.
Accoucher à domicile, dans ces conditions, n’a pas que des avantages. Les inconvénients, en termes de complications, sont multiples. En Haïti, la plupart du temps, les sages-femmes traditionnelles ne sont pas bien équipées et certaines fois leurs connaissances du point de vue scientifique ne sont pas à jour. Toutefois, le fait est que leurs recettes de grand-mère, leurs connaissances des feuilles, du corps de la femme et de la santé du nourrisson ont fonctionné depuis la nuit des temps et fonctionnent encore.
Le 5 mai dernier, le monde célébrait les sages-femmes. Les hommes et les femmes qui exercent ce métier ont été honorés de partout. En Haïti, il est important de se souvenir d’eux, peu importe s’il s’agit des professionnels ou des traditionnels. Donner la vie n’est pas une mince affaire!
Je me sens dans ma peau en lisant les articles d’Azuei .
Il y a bien des temps j’attends des mots aussi profonds sous la plume d’un si grand et important écrivain et politologue Clovesky Pierre.
Merci à l’équipe merci a chacun de vous.