L’artiste est avant tout un être humain on le sait. Mais, quand bien même, peut-on s’interroger sur la différence réelle entre l’humain et l’artiste ? S’il fallait choisir entre l’art et l’artiste, quel serait le meilleur choix ?
Deux questions dont le seul objectif est d’approcher le concept d’artiste d’une nouvelle façon, de le voir sous un nouvel angle. La prétention de l’auteur n’est nullement de contraindre son lecteur a une pensée unique ni de s’opposer à sa compréhension actuelle, mais plutôt d’ouvrir une perspective qui sera utile au secteur journalistique et artistique. En effet, cette nouvelle manière d’appréhender nos réflexions offrira sûrement une plus grande importance à la créativité dans un monde de productivité.
Explorons la dualité homme et artiste, où se trouve la nuance ?
Usuellement, la question est la suivante: faut-il séparer l’humain de l’artiste, son œuvre de sa vie ? Cette question paraitrait trop simple à répondre que ce soit par une argumentation négative ou tout autre. Par contre, l’ampleur de ce débat atteindrait une toute autre dimension si on reformulait comme suit : Qu’est-ce qu’il y a entre l’humain et l’artiste ? Existe-t-il une distance tangible entre ces deux entités ?
Avant tout, il faut savoir que chaque humain pourrait être un artiste ; ce terme par extension désignerait toute personne ayant une maîtrise parfaite sur son sujet et pourrait le transformer en œuvre d’art. Par contre, la définition stricte attribue ce titre à celui qui se fait professionnel d’un métier ou d’une discipline artistique non seulement par passion, mais aussi en guise de profession.
Ce serait légitime de se demander qu’est-ce qu’un métier artistique, la réponse serait là encore multiple mais dans le souci d’esquiver des palabres inutiles et un éventail d’information qui ne servirait qu’ à encombrer ce travail, nous allons considérer la définition qui veut que ce sont des tâches qui demandent un savoir-faire unique et perfectible, une créativité raffinée, et un goût pour le beau en constante évolution comme c’est le cas pour la musique, la peinture, le cinéma, le théâtre etc…
La mission profonde de l’artiste
L’artiste a pour mission première de surprendre, d’émerveiller, de créer la surprise et de parfaire même ce qui est à l’abri des limites de l’imagination de l’humain type, de l’homme ordinaire, ce qu’on appelle couramment le commun des mortels. Dans un autre temps, l’artiste doit divertir et plaire, que ce soit par le langage de son art ou tout simplement en faisant don d’un peu de sa personne, une photo, un autographe, un petit échange avec ces fans sont généralement les moyens utilisés mais au final la plus grande responsabilité de l’artiste reste envers la postérité ; il doit graver son époque dans la mémoire du temps par le biais de son œuvre.
Artiste et engagement ou engagement artistique ?
Un engagement est un pacte avec soi-même ou avec un tierce partie afin de respecter une clause, de suivre une voie. C’est un choix qui est souvent le fruit d’un travail de conscience avec une volonté infléchissable. Selon une définition qui serait propre à cette œuvre, c’est l’acte de l’artiste qui prenant conscience de son appartenance au monde abandonne une position de simple spectateur et met sa personne, sa pensée ou son art au service d’une cause. Donc un artiste engagé est celui qui par son œuvre, défend une cause, dénonce une situation sociale, critique des injustices, élève la voix pour ceux qui ne le peuvent pas. L’engagement peut être social, politique, au profit des droits humains, d’environnement etc.
Deux choses : D’une, quand un artiste manifeste le besoin de s’engager plusieurs options s’offrent à lui. Plusieurs de ces options le permettent de ne pas utiliser son art au service de son engagement, n’oublions pas que les artistes jouissent souvent d’une popularité qui leur préfèrent souvent une notoriété et une influence diabolique au sein de leur communauté.
De deux, parfois il arrive que cette cause soit la muse de l’artiste, la pièce centrale de son œuvre, il arrive même qu’on ait du mal à reconnaître cet artiste en dehors de cette cause. Dans un langage plus courant, on dirait que c’est désormais son identité. On reconnaît sciemment un chanteur comme Manno Charlemagne dans ses textes militants.
Juste un petit bémol. On ne peut pas contraindre un individu à mener un combat qui n’est pas le sien sous prétexte qu’il est artiste. Ce qu’on peut reprocher à un artiste est son manque de créativité, d’authenticité, de productivité et un brin d’honnêteté ou de cohérence.
La dynamique entre inspiration et rendement
Entre le désir de créer et le besoin de vivre décemment intervient un facteur qui rappelle souvent à un créateur qu’il n’est pas à l’abri des caprices du grand public : la productivité. Le souci de sublimer, l’envie de frôler la perfection peut entraver tout processus de création. Néanmoins, ce sont des choses nécessaires pour un créateur artistique. Une pièce unique, un morceau divin, un coup de pinceau magistral ne se dévoile pas au premier coup d’essai ou à la première réflexion. Des heures de cogitement, de tâtonnement et d’incertitude sont souvent cachés derrière ses œuvres qui mettent le monde à genou. La muse de l’artiste est connue pour être capricieuse.
Que vient faire la productivité dans tout ça ? La productivité marche de pair avec le système capitaliste, nos manières de produire et la qualité de produit qu’on peut livrer contribuent à notre succès, plus de succès, plus d’attente et ici on ne parle pas forcément de quantité. En ce sens, le souci de produire nuit souvent au sens créatif de l’auteur. C’est un rongeur de concentration et de qualité puisqu’il pousse souvent à agir dans la précipitation ou dans l’inclinaison d’un goût, celui du public le plus large.
Quand l’art devient un produit strictement pour plaire sans rester dans l’expression du beau, il est assez facile de trouver l’artiste plus important que l’art. L’équilibre reste dans une production qui ne nuit pas à la création dans le cas contraire, un homme artiste par respect pour son art doit arrêter de produire nette. Satisfaire la foule, suivre la tendance et perdre son originalité, ce sont ces pièges que tendent la consommation avide à l’artiste. Dans la frontière entre productivité et créativité la posture idéale serait de rester productif sans précipitation, guetter le beau constamment et chercher l’originale indéfiniment.
Qu’en dites vous ?
Ce texte n’est pas un morceau fini de vérité. Quoique les prétentions et les efforts de l’auteur, il reste pas mal dans la subjectivité. Cependant, on peut y voir clairement la différence entre un artiste et un homme talentueux, le talent quoique nécessaire à l’appellation artiste n’est pas gage de ce titre. Un artiste reste un homme qui comprend les dimensions de l’art et s’offre comme canal à ce dernier peu importe les moyens d’expressions qu’il utilise. Un homme peut vivre de l’art un artiste lui vivra toujours pour l’art. Maintenant, comment saura-t-on si une personne vit pour l’art ou vit de l’art ? Libre à vous chers lecteurs de répondre à cette question, comme vous le percevrez.
Mais gardez à l’esprit que : « Le terme artiste est un titre, une qualification, une manière de désigner ces génies du beau, dans ce cas l’homme serait cette enveloppe qui porte l’artiste ses désirs, ses ressentis, sa sensibilité, sa vision du monde ». L’artiste n’est pas simplement celui qui crée, mais celui qui vit intensément pour donner vie à des idées et des émotions à travers l’art. C’est une exploration sans fin.